dimanche 20 février 2011

Peut-on réconcilier la police et les jeunes ?



Bienvenue sur la page de notre TPE.

          Nous sommes Laura, Pauline et Rima et nous sommes en classe de première section ES dans le lycée Jean Victor Poncelet de Saint-Avold. Notre TPE porte sur les relations entre la police et les jeunes, notamment les jeunes de banlieues. Le thème est donc pouvoir et société. Nous vous proposons alors de parcourir notre blog afin d'étudier les relations entre ces deux parties, mais surtout s'il serai possible de les réconcilier, et si oui,  comment.


SOMMAIRE

                              Introduction.

          I. Un rapport de force.         
                1) Un sentiment d'isolement et de persécution de la part des jeunes.
                2) Une formation policière remise en question.                    
                3) Les émeutes de 2005.
        
          II. Des relations ambiguës.                
                1) ... causées par un manque de police de proximité.         
                2) ... mais aussi par un manque de dialogue.
                           
                                Conclusion.


              Annexe : 
                 a. Lexique.               
                 b. Bibliographie, 

Introduction.

  A première vue, lorsqu’on parle de la police, les premiers mots qui nous viennent à l’esprit sont « protection » ou encore « sécurité ». La police est perçue comme un monde faisant prôner le bien et la justice dont le rôle est de nous protéger avant tout.
Néanmoins, que ce soit dans la politique ou l’actualité, la police fait beaucoup parler d’elle depuis quelques années, au point de devenir un sujet récurrent au sein de notre société. Cela s’est d’ailleurs nettement accentué depuis les émeutes de novembre 2005 qui ont  causé de nombreux débats. L’image de la police est alors remise en cause, notamment par les relations qu’elle entretient avec les jeunes qui ne font que s’aggraver au fil du temps. En effet, de nombreuses altercations et confrontations montrent chaque jour la dégradation des relations entre ces parties de forces différentes. D’un camp à l’autre, les avis divergent et nombreux sont les préjugés : les jeunes sont dits comme provocateurs et les policiers irrespectueux. Ces préjugés ont installé un malaise entre les jeunes et polices ce qui a rendu l’entente impossible et qui présente alors un dialogue quasi-inexistant.
Le but de la police étant principalement de nous protéger, et non de se mettre à dos la population, il s’agira alors de trouver un terrain d’entente entre ces deux camps. Mais est-il possible de réconcilier la police avec les jeunes ?
Dans un premier temps, il s’agira d’étudier les relations qu’entretiennent la police et les jeunes, mais aussi leurs places dans la société. En deuxième lieu, une présentation des problèmes qui éloignent ces deux camps sera effectué dans le but d’y trouver une solution.




I. Un rapport de force.

1. Un sentiment d'isolement et de persécution de la part des jeunes.



      Contrairement aux relations que la police se doit d'entretenir avec la société, ses relations avec les jeunes sont synonymes de rapport de force. En effet, sur le terrain, c'est plutôt le rapport de force qui caractérise les relations entre les policiers et les jeunes de quartiers. L'unité territoriale de quartier a pour mission de maintenir un lien étroit avec la population des cités sensible, mais ces policiers ne sont très souvent pas les bienvenus. Pour ces jeunes, leur présence est systématiquement signe de provocation, et entre eux persiste un dialogue de sourd. 
Rapport de force, dialogue de sourd, incompréhension réciproque, c'est ainsi que s'est construit autour de ces deux camps un cercle vicieux de méfiance. 


     C'est pourquoi, aujourd'hui règne un sentiment d'isolement et de persécution chez les "jeunes de banlieue". En effet, ils sont à l'oeuvre d'actes d'exclusions, qui sont de ce fait, ressentis par toute la population. Ce ressenti s'explique par plusieurs facteurs qui est tout d'abord, l'humiliation par les forces de l'ordre à leurs égards. Ces "jeunes de banlieue" dénoncent les contrôles fréquents de la police qui se ressent comme du harcèlement, car se sont souvent des contrôles arbitraires, et finalement peu justifiés. Ils se sentent de ce fait persécutés par la police, et humiliés par l'état.
Le deuxième facteur qui intervient est la stigmatisation par le spectateur citoyen, et notamment à travers les médias. En effet, le téléspectateur se forge de nombreux préjugés et très souvent par méconnaissance, car souvent ils ne connaissent pas réellement la banlieue, mais ne connaissent que ce que les médias acceptent de divulguer à leur sujet. Et il faut préciser que souvent, lorsque les journaux télévisés parlent des "jeunes de banlieue", c'est lorsque "bavures, meurtres, coups de couteau, feu" y découlent. La presse n'a d’intérêt que pour ces jeunes qui nuisent, brûlent, pillent, volent et ne veulent s'en sortir. A en croire ce qu'elle dit, les étudiants sérieux, les travailleurs honnêtes, ça n'existent pas. Pour l'opinion publique, il n'y a que des "jeunes de banlieue" et des victimes. De ce fait, l'Etat divulgue une image néfaste des jeunes de banlieue, ce qui crée alors de la méfiance à la population et aux employeurs vis-à-vis d'une population issue d'un quartier qu'on associe à la délinquance. Cette méfiance entraîne donc à une grande part du chômage dans les banlieues, qui conduit même à l'exclusion sociale. 
Et ceci nous amène au troisième facteur qui est leur non-intégration. Ils se sentent rejetés, et donc isolés de la société. C'est ce qui peut expliquer alors la notion du "retournement du stigmate" qui les amènes alors, à faire de leur différence une force. Les jeunes recherchent alors dans les bandes une sécurité et une certaine manière de se structurer, ce qui les conduit aux phénomènes de gangs et donc de violence. La violence dont les jeunes font preuves dissimule alors leur révolte face aux inégalités sociales et aux discrimination dont ils sont victimes, ils se sentent mis à l'écart et inférieurs aux autres classes. 



  Pour rappel, le taux de chômage des personnes âgées entre 15 et 24 ans est, au niveau national français, de 23%. Ce chiffre est l’un des plus élevé au sein de l’Union Européenne. Dans les banlieues populaires, le taux de chômage, concernant la même catégorie d’âge, est deux fois plus élevé. Il tourne autour de 40%. 


Les zones urbaines sensibles en France


Taux de chômage en ZUS et hors ZUS, en 2005 (*)

ZUS
Grandes villes, hors ZUS
Reste de la France

Hommes
15 – 24 ans
44.9
22.2
16.5
25 – 49 ans
19.7
8.8
5.7
50 – 59 ans
14.8
7.3
5.3

Femmes
15 – 24 ans
38.0
23.3
23.2
25 – 49 ans
21.2
10.8
8.5
50 – 59 ans
13.3
7.4
6.5
Ensemble
22.1
10.5
7.8

D'après ces statistiques, on voit alors que le taux de chômage est bien plus présent en Zones Urbaines Sensibles avec 22.1 % , que dans les villes Hors Zones Urbaines Sensibles avec 10.5%, ou encore le reste de la France avec seulement 7.8% par rapport au zone sensibles.




● Interview de Larbi, jeune garçon de 16 ans, 
résident en Haute de Seine, étudiant en 2nd générale.  

-          Comment décrierais-tu le rôle de la Police ?
"  A la dernière manif, ils m’ont gazé et matraqué. Donc je vous laisse deviner. Non mais sérieux, je trouve qu’ils se font trop de cliché sur les jeunes de banlieue. "

     - Et Comment expliquerais-tu le comportement de la police vis-à-vis des jeunes ? Comment le qualifierais-tu ?
" Ben, par exemple dès qu’ils voient une bande de jeunes traîner ensemble, par exemple à la gare, ben c’est direct le contrôle d’identité et tout, et ils nous prennent de haut."

-          Et pourquoi penses-tu qu’ils agissent ainsi ?
"  Ben parce qu’ils se méfient des banlieusards, et puis dès qu’ils nous voient en bande pour eux ça rime à trafic, rackette. "

-          D’accord, mais d’après toi, les jeunes n’abuseraient-ils pas un peu trop, et ne se feraient pas passer pour des « victimes » ?
"  Excuse-moi mais quand tu passes 14h au comico (= commissariat), parce que t’avais pas ta carte d’identité sur toi, je me demande si t’es pas une victime. Mais bon après y’a des exceptions c’est vrai, y’en a qui se sentent direct méprisé et rejeté. "

-          A ton avis, cette situation pourrait changer ? Si oui, pourquoi ? Et si non, pourquoi ?
« Euh ouai, mais faut déjà être plus à l’écoute des jeunes et leurs proposer des brochures de travail pour qu’ils finissent pas dealer ou voleur. "

-          Dans ces conflits entre jeunes et police, penses-tu que les jeunes ont une part de responsabilité aussi importante que celle que la police vous attribue ?
" Mais non. Les jeunes leurs servent de bouc émissaire. Les vrais problèmes c’est pas les jeunes mais plutôt le gros banditisme. "

2. Une formation policière remise en question.


« La police ne doit ni trop punir, ni trop permettre, mais toujours veiller. »


Pour devenir policier il faut aller dans une école spécialisée dans ce domaine. Il en existe de plusieurs rangs. Cependant, dans ces institutions la nécessité de formation n'a été que récemment imposée..
Une formation de dix huit mois, durant laquelle on apprend aux élèves-officiers les 'ficelles du métier'. Il existe alors dix centres de formation en France.

Initialement, il est dit de cette  formation qu'elle est 'continue', de très bonne qualité et très bien organisée.


Néanmoins, on peut constater que ce n'est pas tous les jours le cas: Les agents de police ne sont pas si bien formés que ça, lors de ces formations on ne leur apprend que les bases, le minimum à savoir et on ne les confrontes pas réellement à ce qui les attends réellement.. Ils ne connaissent alors pas les techniques de 'confrontation', ce qui leur laisse alors encore de nombreuses choses à revoir, comme par exemple, les preuves: dans plusieurs centres de formation on apprend au futurs agents de police qu'un minimum de preuves suffisent à ce qu'un auteur de délit soit reconnu coupable, or, ce n'est pas le cas. C'est pourquoi on compte aujourd'hui un grands nombres d'affaires qui ont été jugées sans suite faute de 'manque de preuves'.

 De plus les personnes qui forment ces futurs agents sont eux-mêmes policiers, et de ce fait, il n’y a pas vraiment de supérieurs formé qui puissent alors connaître le métier parfaitement et donc transmettre son savoir. Il s'agirait alors de prendre des individus spécialisés, des professionnelles de la formation pour garantir une bonne et réelle formation, complète. 


De plus, la plupart des policiers sont âgés de moins de trente ans et sont directement placés dans des banlieues, dits :  "quartiers chauds". 

"On balance dans les endroits les plus difficiles, des jeunes policiers sortis directement de l'école, venus de leur Province, qui rencontrent alors des jeunes désœuvrés."

Ils n’ont alors aucunes expériences du terrain, et se retrouve confronté avec pour seul maîtrise la pratique apprise à l'école et lors des formations. 
Problème alors de l'age et de l’expérience de jeunes qui renoncent à des interventions ou reculent devant des provocations de jeunes, de peur de se lancer dans des situations qu'ils ne pourraient gérer.
Ils cherchent alors à se supérioriser en  s’imposant directement, en pensant alors bien agir, mais cela ne fait alors que créer plus de tensions qu'il n'y en avait et les choses ne font alors que s'empirer.. 


«  La police s'en donne à coeur joie, et c'est de façon quasi incessante qu'elle provoque et harcèle les jeunes,  dans leur quartiers: contrôles, insultes, brimades ou violence physique ne sont plus des fantasmes, ils sont fréquents: Les policiers savent que les jeunes ne réagiront pas et ne porteront pas plainte »

Les deux policiers impliqués dans la course-poursuite qui s'était soldée par la mort de deux jeunes à Clichy-sous-Bois, en 2005, ont été renvoyés devant un tribunal correctionnel. Après le drame, des émeutes avaient enflammé les banlieues françaises.
Les deux policiers devraient être jugés pour "non-assistance à personne en danger", après la mort de deux adolescents à Clichy-sous-Bois, en banlieue parisienne, en 2005. Vendredi, les juges d’instruction ont décidé de les renvoyer devant un tribunal correctionnel. 


Le collectif "Banlieues respect", qui regroupe des associations impliquées dans l'action au sein des quartiers sensibles, s'est réjoui de cette mobilisation policière.


"La remise en cause de cette 'culture du résultat' dans la police par un syndicat nous semble être un évènement important afin d'éviter l'aggravation des tensions et d'améliorer les rapports dans les banlieues"




"La coupe est pleine. Les policiers sont les premières victimes de la 'religion du chiffre', des discours politiques bien trop éloignés de la réalité, d'une exposition permanente aux violences"

3) Les émeutes de 2005.

    Le 27 octobre 2005 à Clichy Sous Bois, trois adolescents s'introduisent dans un transformateur EDF afin d'échapper à la police. Ils y sont alors resté durant 30 minutes avant de se faire électrocuter, ce qui a entraîné la mort de deux d'entre eux, et le dernier fut grièvement blessé. Un policier a alors vu les trois jeunes entrer dans le transformateur et a prévenu par radio sa hiérarchie pour les prévenir de l'infraction, et donc du risque de mort qu'ils encourraient à ce moment. Pourtant, la hiérarchie ne s'en ai pas préoccupé. Aussi, il est important de remarquer que les policiers ne les poursuivaient pas eux au départ.



Cet accident fut alors en quelque sorte le déclenchement des émeutes de 2005, ces deux jeunes étant " morts pour rien " comme le montre les T shirts des nombreux manifestants. 







     Après ce jour, trois semaines d'émeutes ont suivis. . Ces émeutes se sont révélées être  alors les plus grosses jamais connues depuis celles de 1968 : 

- D'un point de vue géographique : ces émeutes n'ont pas que toucher Clichy Sous Bois, mais aussi toute la France, que ce soit les départements d’Île de France, mais aussi des villes de Province, telles que Strasbourg, Toulouse, Marseille ect. Près de 280 communes ont signalé des incidents de gravité diverses. Aussi, plus d'une dizaine de milliers de policiers et gendarmes ont été présent durant toute la durée des émeutes, dont un nombre allant jusqu’à 11500 policiers et gendarmes mobilisés par jour.

- D'un point de vue judiciaire : 5200 interpellations débouchant sur 4500 gardes à vues, mais aussi l'emprisonnement de plus de 600 personnes dont un cinquième étant mineurs. 

- D'un point de vue matériel :  Près de 10 000 véhicules de particuliers et 3000 poubelles incendiées, plusieurs centaines de bâtiments publics ont été dégradés, projectifs divers et jets de pierre que les véhicules des forces de l'ordre mais aussi une vingtaine de lieux cultes endommagés. En tout, la Fédération française des sociétés estiment que la facture est équivalente à environ 20millions d'euros.

Le Président et le Premier ministre décident alors de recourir à un couvre-feu le 8 novembre afin de faire cesser les émeutes. Ce couvre feu est appliqué a 25 départements où les émeutes sont les plus importantes.




   Néanmoins, la mort de ces deux jeunes ne restent qu'un prétexte, et les vraies raisons de ces émeutes sont plutôt tournées contre le gouvernement : une discrimination envers les jeunes de cité, que ce soit à l'école ou dans la vie mais aussi leur isolement face au reste de la société française est remise en cause. 
Comme le montre de nombreux témoignages de la part des jeunes de cité ayant participé à ces émeutes, les raisons de leur colère sont surtout envers la police qui leur manque de respect, et avec qui le dialogue est rompu depuis bien trop longtemps. Ils se sentent aussi mis de coté par les professeurs à l'école, qui dès le départ les vouent à l'échec et les sous-estime, par leur classe social.

" Nous, on voudrait que les keufs se comportent 
bien avec nous. Les émeutes, c'est une vengeance par rapport à tout ça. "


   Une fois encore, et ici par le biais des émeutes, nous voyons bien qu'un rapport de force et bel et bien établie entre la police et les jeunes et que cela est dû à un manque de dialogue et à des préjugées trop importants entre les deux parties.